On remarque les ruines du château de la Falaise et des manoirs de Trousseauville et du Bel Angerville. Il y aurait quelques mots à dire de l'origine des ruines du vieux château de Saint André, celles du bourg et de la villa de Noron. Nous ne devons pas oublier de faire mention des deux chapelles qui ont été détruites.
La principale ruine de Saint André d'Hébertot est le château de la Falaise ainsi appelé sans doute à cause des hauteurs escarpées du voisinage. Ce château a été totalement détruit avant la Révolution, il ne reste plus que le plateau sur lequel il était construit et les fossés profonds dont les bords sont murés en pierre de tuf. On voit encore un colombier tout en brique et un petit étang assez poissonneux.
Cependant l'aspect du terrain semble désigner un château fortifié avec tours ou donjons, murailles et fossés. Cette terre appartenait à l'abbaye de Cormeilles qui fut fondée en 1060 par Guillaume, fils OSBERNE, et par Adèle sa femme. C'est donc depuis cette époque que la Falaise a été l'objet de donation; mais quel est le donateur ? C'est une question peu facile à résoudre. Ne serait-ce pas Guillaume OSBERNE lui-même ? L'histoire fait mention d'un OSBERNE qui accompagna ROLLON dans la conquête de la Normandie et qui eut pour récompense toutes les terres riveraines de la Calonne jusqu'à Cormeilles. Ce seigneur s'étant fait baptiser avec ROLLON, sa famille devint chrétienne et elle fonda cette abbaye dont Robert OSBERNE fut le premier Prieur.
La falaise était-elle comprise dans le domaine de cette famille ou dans celui des personnes qui lui étaient alliées. La tradition populaire en ferait le don du chevalier LOUVET. Ce seigneur irrité des privilèges qu'avait l'abbaye de s'approvisionner la première à la poissonnerie, tua dans un accès de fureur le Frère CELLERIER et se disposait à mettre le monastère à feu et à sang. Les moines qu'on avait prévenus, eurent l'heureuse idée de venir en procession devant ce dernier. Ce seul spectacle suffit à désarmer sa colère, une croix fut plantée au point de rencontre, elle porte encore le nom de "Croix de Louvet". C'est en réparation de son crime que le chevalier aurait donné au monastère le château de la Falaise qui lui appartenait.
Quoiqu'il en soit Mr de CONDORCET, évêque et comte de Lisieux, supprima dans l'année 1777, l'abbaye de Cormeilles et il affecta les revenus de la ferme de la Falaise et les autres terres à la dotation des Frères des écoles chrétiennes et à l'entretien du Grand Séminaire. Cette propriété a appartenu à Mr CHARTIER, avoué à Paris, gendre de Mr BOURDON SAINT CLAIR.
Il est certain qu'il y avait à Saint André d'Hébertot un manoir appartenant aux Ducs de Normandie. Ce manoir a été visité par Guillaume le Conquérant, Henri I, Henri Il, Richard Coeur de Lion et surtout Jean Sans Terre. Ce dernier se rendit le 31 Mai i200 de Saint André à Troarn, et en 1202, le 28 Décembre, il revint encore au manoir de Saint André qu'il quitta le lendemain pour retourner à Troarn (d'après les rôles conservés à la Tour de Londres).
Ce manoir devait se situer tout près de la fontaine Vimont, à peu de distance de la voie romaine, dans un lieu favorable à la construction, à très peu de distance d'une église et d'un bourg et dans le voisinage d'un relais de poste et d'une hôtellerie. Or toutes ces conditions se trouvent réunies par l'emplacement actuel du château d'Hébertot. ll est même tout à fait probable que les fossés qui existent soient ceux du vieux manoir, car on sait que dans le Moyen Age, les châteaux étaient des forteresses environnées d'eau avec lesquelles on communiquait à l'aide de pont-levis. Il est encore une autre raison qui fixe le château ducal dans le voisinage de la source de Vimont, on a découvert dans le petit bois situé au nord de la fontaine, les fondations en caillou d'un édifice circulaire.
L'épaisseur du mur approche les deux mètres et les ondulations du terrain aux alentours indiquent assez nettement les ruines d'un bâtiment. Qu'est ce donc que ce bâtiment circulaire sinon un colombier? Or un colombier ne pourrait pas exister sans un manoir seigneurial. Le château d'Hébertot devait donc être dans le voisinage du colombier, de l'église et de la fontaine. Une particularité assez remarquable, au bas de la colline sur laquelle était construit le colombier, ont été retrouvées, en faisant des fouilles, des tuiles à rebord très épais avec beaucoup de petites tuiles faîtières qui devaient être fixées sur les tuiles plates et en couvrir les saillies. Ces débris de couverture proviennent probablement des ruines de ce vieux colombier. Il a été trouvé dans ces fouilles à cinq pieds de profondeur, de la cendre et du charbon et une tuile d'un poids énorme.
La seigneurie d'Hébertot avait un moulin féodal dont les murs sont encore debout. Parmi les rentes attachées à cette terre, on distingue celles d'un boeuf blanc, ou cinquante le jour du mariage du fils aîné du seigneur.
Les chevaliers de NOLLENT étaient titulaires de :
- la seigneurie de Queredout ou Queurdouet située près du bourg d'Hébertot. Le tennement au candellier en faisait partie et comme le tenancier était obligé de serrer les foins du fief, on en conclut que les prés en cet endroit étaient la seigneurie de Queurdouet.
- la seigneurie de la Gohaigne, village important dont il avait les terres
- les terres de Bel Angerville, il existe encore en ce domaine une maison très ancienne en bois de chêne qui était le manoir seigneurial (toujours existant)
- la seigneurie d'Ollendon.
Extrait d'une note trouvée dans les archives du château qui n'est pas antérieure à 1780,
" Le fief d'Ollendon est situé sur la paroisse de Bonneville la Louvet.
Il y a des vestiges du vieux château entourés de fossés ou mottes. Ce château appartenait à la maison d'ESTOUTEVILLE aussi bien qu'à la seigneurie de la paroisse qui était une baronnie. Le fief d'OLLENDON vient de la dot d'une fille de cette maison. La baronnie avec une partie de l'ancien domaine était passée à un d'ESTOUTEVILLE évêque de Lisieux et cardinal. Voici les terres qui composent le domaine de la seigneurie d'OLLENDON : l'herbage des mottes, le pré bouillon, la cour Pelvé, l'herbage Tiron, le pré de la croix, la cour nommée le lieu Blondel, le pré Blondel, une pièce de labour et le bois Louvet.” Le vieux manoir d'OLLENDON était une vaste maison démolie au début du XlXème vers 1830 ainsi que le colombier.
La Heurtrie était également un titre seigneurial. Le sieur de la Heurtrie était l'écuyer du chevalier de NOLLENT.
Les autres fiefs étaient ceux de Bellevue, de Grieux, du Barquet et de Trousseauville. Moncel fut un fief d'Hébertot par le mariage de Jacques de NOLLENT avec Marie de MONCEL.
On lit dans les titres du bailliage de Rouen que le domaine de Fatouville (sur la commune de St Benoît, au niveau du château d'eau) comprend une cour, un manoir seigneurial sur St Benoît, un colombier, plusieurs maisons de basse-cour, un droit de moulin et de pêche dans l'étendue du fief, un droit de moyenne et basse justice sur les vassaux, 350 âcres de terre dont une cent cinquantaine ne font pas partie du fief, et pour ce domaine seigneurial, le chevalier de NOLLENT se dit être tenu de faire foi et hommage à la baronne d'AUBIGNY. On remarque que le manoir se trouve sur St Benoît, encore bien qu'une grande portion de la cour se trouve sur Saint André. Le chemin de Pont Audemer passait anciennement au haut de cette cour et débouchait au dessus du jardin à l'endroit de la croix de Nollentou - Bel Angerville. Ce chemin ayant été pris et enfermé dans la dite cour, il a été mis au dessous dans le lieu où il est présentement, qu'on nommait en 1539 les bouttières des champs, c'est à dire les terres aboutissant sur le penchant d'Hébertot. Au reste, les traces de l'ancienne voie sont encore bien apparentes aujourd'hui. On rencontre dans la campagne de St Benoît des restes de constructions tels que des fragments de briques, de pavés, cet endroit est appelé par les cultivateurs Ville de Noron. C'est probablement l'emplacement d'un petit monastère ou prieuré de bénédictins, dont parle Odéric VITAL. ll dit que Robert de BLANGY, abbé de St Evroult, obtint vers l'an 1160 du pape Alexandre IIl une bulle confirmant, en faveur de cette abbaye, la création ou la possession de tous les petits monastères établis par elle ou par Noron ou encore dans d'autres lieux. Or Noron est située à un kilomètre environ de l'église de St Benoît et il existe encore un chemin de l'église à Noron, et près des ruines de ce prieuré un sentier appelé "la petite rue de Noron". On ignore l'époque de la destruction de ce monastère, peut-être a-t-elle eu lieu durant les invasions du XVIème ? On sait qu'il existait autrefois une foire et un marché d'une certaine importance au hameau de la Gohaigne. C'est probablement le monastère de Noron, comme toutes les abbayes, qui aura donné naissance à ces assemblées d'hommes car la métairie de Noron touche au village de la Gohaigne. L'arrêté de la chambre des comptes de Normandie du 30 Septembre 1699 maintenait ce droit de foire et de marché à la Gohaigne.